Reprogrammation du moteur

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Beaucoup aujourd'hui recourent à la reprogrammation du moteur, essence ou diesel. En quoi consiste cette opération ? Quels sont ses modalités, son but et ses conséquences sur les performances du véhicule ? Explications.

Qu'est-ce que la reprogrammation du moteur ?

Précisons le champ d’action de la reprogrammation moteur. Beaucoup de flou règne en effet autour de cette opération.

Littéralement, la reprogrammation moteur est une modification des données internes du calculateur moteur. Suivant les marques, on l’appellera ECU (engine control unit), BSM (boîtier de servitude moteur), UCM (unité de contrôle moteur), etc.

Souvent, la reprogrammation moteur est faussement assimilée au chiptuning, anglicisme pouvant être exprimé avantageusement en français par « puce additionnelle ». Cette technique dont le résultat est identique ne modifie pas le calculateur d’origine : il s’agit d’un boîtier interface, plus ou moins abouti, placé entre le calculateur d’origine et les injecteurs pour détourner leur commande et modifier le temps d’injection.

De même, certains professionnels de la reprogrammation mélangent les genres en qualifiant des interventions mécaniques sur le moteur (il s’agit alors d’une préparation mécanique) de programmation niveau 1, 2, 3... La reprogrammation moteur est une intervention exclusive sur le système informatique du calculateur.

En quoi consiste la reprogrammation du moteur ?

Le système de gestion moteur : fonctionnement

Des capteurs disséminés dans le moteur (capteurs de position, de température, de pression, de rotation, de débit d’air, d’analyse de gaz…) envoient des informations sous forme de signaux électriques au calculateur de gestion moteur.

Ce dernier analyse ces renseignements par rapport à des bases de données prédéfinies par les ingénieurs motoristes du constructeur du moteur, qu'on appelle la « cartographie moteur ». Le traitement de ces informations permet au calculateur de déterminer un temps variable de la commande des injecteurs, le « temps d’injection » (TI), et d’autres fonctions annexes comme la régulation de pression du turbocompresseur, la régulation de la pression d’injection ou l’avance à l’allumage.

Les procédés de reprogrammation du moteur

La reprogrammation nécessite de revisiter informatiquement cette base de données et de la transformer, soit en intervenant au travers de la prise de diagnostic du véhicule (prise normalisée à 16 voies) ou sur le calculateur lui-même déposé.

Elle peut entraîner, si elle n’est pas maîtrisée, une remise en cause de la fiabilité moteur ; elle doit donc être effectuée par des spécialistes chevronnés possédant un banc de puissance pour la validation des transformations.

Une fois connecté, via un logiciel spécifique, le technicien programmateur intervient pour modifier les courbes de la cartographie constructeur.

Exemple concret
En travaillant sur la plage de régime 1 500 à 2 500 t/mn, à une charge moteur précise (une pleine charge traduisant la position de la pédale d’accélérateur enfoncée au maximum), le paramétreur modifiera le TI correspondant et pourra influer sur d’autres commandes (la pression maximale du turbocompresseur ou l’avance à l’allumage notamment). Les performances moteur seront alors augmentées, principalement pour les valeurs du couple moteur. Autrement dit, on privilégiera les reprises moteur à bas régime.
De la même manière, la puissance peut être augmentée ; les hauts régimes seront alors ici préférés.

Reprogrammation du moteur : idées reçues et contre-vérités

Internet est un formidable vecteur d’information, mais la toile regorge malheureusement parfois d'idées reçues et de contre-vérités et il est souvent difficile de faire le tri. Voici notre analyse des données récoltées sur le sujet.

La reprogrammation moteur se fait au détriment de la fiabilité

Cette affirmation est à la fois vraie et fausse.

VRAI. La reprogrammation n’est pas une opération anodine, puisqu'elle intervient sur le régime de rotation du moteur, sur les avances à l'allumage et l'injection ou la pression turbo, paramètres pouvant entraîner des efforts mécaniques et thermiques destructeurs.

FAUX. Les constructeurs équipent plusieurs modèles de véhicules avec la même base moteur, mais exploitée avec des cartographies différentes (le même moteur disposera de puissances propres suivant la configuration choisie : 90, 110 ou 130 ch). Il est donc possible de modifier les performances d’un moteur, à condition que :

  • cette reprogrammation soit effectuée par une société et un opérateur compétents ;
  • l’augmentation des performances reste dans le cadre défini par le constructeur et que l’environnement du moteur soit pris en compte (radiateur ou régulateur de température de refroidissement différents par exemple) ;
  • un bilan de l’état du moteur soit réalisé avant reprogrammation.

La reprogrammation augmente les caractéristiques mécaniques du moteur

FAUX. Les caractéristiques mécaniques du moteur, comme la cylindrée, le rapport volumétrique sont des valeurs dimensionnelles et volumétriques qui ne peuvent pas être modifiées, sinon par une préparation mécanique. Par contre, la reprogrammation peut modifier les paramètres de la distribution variable (ouverture, fermeture, hauteur de levée des soupapes) et influer sur la thermodynamique du moteur (modification de la combustion, donc des performances).

La reprogrammation moteur diminue la consommation

FAUX. Comme ça l'est présenté sur les sites spécialisés, c’est faux. Ils associent en effet souvent augmentation de la puissance et diminution de la consommation. Beaucoup de propriétaires de véhicules sont, c'est vrai, demandeurs d’apport de puissance.

La puissance moteur définit le travail du moteur (combustion) par le temps. En d’autres termes, plus le nombre de combustions sera grand par seconde, plus la puissance sera importante. Il en découle deux certitudes :

  • c’est le nombre de combustions qui est privilégié, et non leur qualité, donc si le rendement moteur chute, la consommation de carburant augmente.
  • l’augmentation des combustions en un temps donné traduit forcément un nombre augmenté d’admissions de carburant, donc de consommation supérieure.

À noter : un travail sur le couple moteur, plus axé sur les bas régimes, est souvent synonyme de combustion de meilleure qualité, donc de rendement supérieur et de consommation de carburant minorée.

La reprogrammation moteur entraîne la nullité de la garantie constructeur

VRAI. D'ailleurs, certains constructeurs ont intégré un contrôle systématique des interventions sur la gestion moteur (mémorisée par le calculateur) lors des visites en concession. C’est pourquoi les puces adaptables (chiptuning) sont préférables ; elles ne nécessitent pas d'intervention sur le calculateur d'origine et peuvent être désactivées.

La reprogrammation est prohibée

VRAI. Si elle est effectuée sur un véhicule de série immatriculé et circulant sur route ouverte :

« Toute transformation apportée à un véhicule... qu'il s'agisse d'une transformation notable ou de toute autre transformation susceptible de modifier les caractéristiques indiquées sur le certificat d'immatriculation, nécessite la modification de celui-ci » (contravention de 4° classe 135 € et possibilité de saisie du véhicule ). Article R 322-8 du Code de la Route.

Il est donc nécessaire de faire une demande de réception du véhicule à titre isolé auprès des services de la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), quasi systématiquement refusée, l’autorisation du constructeur étant nécessaire.

Attention : cette transformation entraîne automatiquement un défaut d’assurance (d'autant plus dramatique en cas d’accident corporel).

Réalisation une reprogrammation du moteur : à quel prix ?

La difficulté est de choisir une société compétente. S'il est essentiel de s’assurer que celle-ci possède les moyens techniques suffisants (dont un banc de puissance), la vérification des moyens humains est plus difficile.

Rappelons que la reprogrammation du moteur reste prohibée et que nous ne pouvons vous encourager à enfreindre la loi.

À noter : le coût d’une reprogrammation moteur s’étend de 500 à 1 000 €.

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