Le double débrayage en automobile remonte à de nombreuses années : c'était à l'époque des véhicules à boîte de vitesses non synchronisées (jusqu'à fin des années 70).
Vous n'en avez jamais entendu parler ou vous désespérez de ne pas savoir l'effectuer ? Ne vous en faites pas, ce n'est pas une procédure que vous aurez à appliquer sur votre voiture « full options » à peine sortie de la concession. Quoique...
Double débrayage : un peu de technique
Comment fonctionne la boîte de vitesses ?
Le moteur thermique a une plage de fonctionnement optimale réduite (en moyenne de 1500 à 2500 t/mn) ; il faut donc un dispositif démultiplicateur pour rouler de 0 à 150 km/h (nonobstant les limitations de vitesses) qui s'appelle la boîte de vitesses.
Le principe est de déplacer la chaîne cinématique (mouvement de rotation moteur) sur des pignons de taille différente :
- Pour cela, des baladeurs en liaison avec la timonerie du levier de vitesses, solidaires en rotation et libres en translation avec des moyeux liés à l'arbre secondaire (vitesse proportionnelle à celle des roues ) sont déplacés et s'engrènent à des pignons solidaires de l'arbre primaire (vitesse moteur).
- Les vitesses de rotation de l'arbre primaire et de l'arbre secondaire n'étant pas les mêmes, les boîtes de vitesses modernes intègrent des sortes de petits embrayages appelés synchroniseurs, qui égalisent progressivement ces vitesses, éléments absents sur les véhicules anciens.
- C'est pourquoi , sur ces véhicules notamment, était pratiqué le double débrayage.
À noter : l'opération est beaucoup plus difficile à effectuer au rétrogradage (par exemple de 3° en 2°) qu'à la montée des vitesses: il faut alors augmenter la vitesse moteur et engager la vitesse au moment précis où les rotations du moteur et de la boîte sont égales.
Comment effectuer le double débrayage ?
Voici les différentes phases :
- Au moment de changer de vitesse, le conducteur appuie sur la pédale d'embrayage (débrayage) et passe au point mort.
- Il relâche la pédale d'embrayage et appuie sur la pédale d'accélérateur pour lancer le moteur en régime : cette action permet d'amener la vitesse moteur et la vitesse de rotation de l'arbre secondaire à la même valeur.
- Il débraye à nouveau pour engager la vitesse. Une fois la vitesse engagée, il relâche l'embrayage.
Intérêt du double débrayage sur nos véhicules modernes
Votre véhicule, est équipé d'une boîte mécanique classique (donc synchronisée) et si vous êtes un puriste, rien ne vous empêche d'utiliser cette méthode : les synchroniseurs n'en seront que plus épargnés.
Cependant, à une ère où l'automobile est de plus en plus automatisée, l'intérêt de cette technique est guère évident. Voici malgré tout quelques cas où le double débrayage est encore utilisé :
- Conduite sur route glissante : sur route glissante (neige, verglas…), le rétrogradage des vitesses ramène rapidement la vitesse de rotation de l'arbre secondaire à la vitesse de l'arbre primaire : l'effet immédiat est un à-coup entraînant le blocage des roues motrices et la perte d'adhérence. Le double débrayage supprime ce risque.
- Véhicules de compétition : pour cette même raison, le pilotage des voitures de course exige le double débrayage : il évite le blocage des roues lors du rétrogradage tout en rendant le freinage plus efficace (les roues qui ne sont plus en liaison avec la rotation moteur se freinent plus facilement). Certains de ces véhicules sont équipés de boîtes spécifiques à crabot (comme les boîtes motos) obligeant de fait le double débrayage.
- En cas de dysfonctionnement de la boîte ou de l'embrayage : c'est un moyen d' éviter l'immobilisation de votre véhicule (pratiqué et connu par tout bon mécano) : une bague de synchroniseur est défectueuse ou vous avez cassé votre câble d'embrayage, c'est le moment de vous exercer et de savoir enfin si vous avez assimilé la technique du double débrayage !
Pour en comprendre davantage :