Nettoyer un turbo

Sommaire

Turbocompresseur d'une voiture 123RF / gortan123

Le nettoyage du turbocompresseur peut permettre d’éviter de le remplacer, et ainsi de limiter les frais. Le remplacement, ensemble des pièces et main d’œuvre, peut coûter de 500 à 2 000 €.

Le nettoyage classique, et souvent efficace, consiste à déposer le turbocompresseur pour le nettoyer. Cependant, si vous n’êtes pas expert en mécanique automobile, cette opération est à confier à un professionnel. Son coût financier s'élève tout de même de 150 à 400 €, sans assurance certaine d'un résultat positif.

Une autre solution à la portée du bricoleur consiste alors à traiter le turbo sans démontage. Elle n’offre pas non plus un gage de réussite à 100 %, mais elle est facile à mettre en œuvre, pour un coût mesuré.

Suivez étape par étape comment nettoyer un turbo.

Zoom sur le turbocompresseur

Rôle du turbocompresseur

Dans un moteur dit « atmosphérique », autrement dit sans turbocompresseur, le principal point faible est le remplissage des cylindres :

  • dans des conditions extrêmes (vitesse de rotation élevée, pleine charge), la vitesse d’admission de l’air nécessaire à la combustion peine à pénétrer dans le moteur ;
  • ce phénomène limite la puissance.

Une des solutions technologiques est le turbocompresseur :

  • son rôle est de comprimer cet air d’admission en créant une surpression d’air (approximativement 1 bar) pour « gaver » le moteur ;
  • cette surpression associée à une quantité de carburant proportionnelle permet au moteur de continuer à monter en puissance.

Composants du turbocompresseur

Il est constitué de deux roues solidaires :

  • la turbine, placée dans le conduit des gaz d’échappement, est entraînée en rotation par ceux-ci ;
  • le compresseur, placé dans le conduit d’admission et entraîné par la turbine, compresse l’air d’admission.

Le turbo possède aussi un système de régulation de pression. C'est un système de sécurité évitant l’emballement du moteur. On distingue deux types :

  • la soupape de décharge pour le turbo classique. À partir d’une pression maximale établie, la soupape ouvre un conduit (le by-pass) déviant les gaz d’échappement, qui n’agissent plus sur la turbine ;
  • la « géométrie variable » pour le turbo à géométrie variable (TGV), système le plus courant aujourd'hui. C’est un ensemble de pales, pivotant sur un axe, qui dévoilent plus ou moins le by-pass. L’avantage est une régulation beaucoup plus progressive.

Symptômes de dysfonctionnement

Selon les symptômes identifiés, il est possible de cibler le défaut de fonctionnement et ses conséquences.

  • Il y a une perte de puissance accompagnée de fumées bleues, d’un bruit excessif de fonctionnement.
    • C’est le cœur du turbo qui est touché : ailettes de la turbine ou du compresseur, jeu excessif, absorption d’huile par le turbo (qui peut aboutir à un emballement et à la destruction du moteur).
    • Cela implique le remplacement pur et simple du turbocompresseur.
  • Il y a une puissance limitée, des fumées noires, des à-coups, le voyant de diagnostic moteur s'allume.
    • Cela indique un dysfonctionnement du système de régulation de la géométrie variable.
    • La cause est la plupart du temps l’encrassement du turbo dû aux résidus de combustion du moteur (liés aux petits parcours, à la conduite économique, au fonctionnement moteur froid…).
    • Dans ce cas, un nettoyage du système suffit souvent à remédier au problème.

Comparaison des différentes techniques de nettoyage turbo

La solution proposée est un traitement sans démontage avec un produit injecté dans l'admission. Elle donne 40 % de réussite, pour un coût de 30 à 70 €.

Voici à titre comparatif les taux de réussite constatés (avec l'hypothèse d’un diagnostic posé exact) et les prix des autres techniques de nettoyage.

  • Traitement sans démontage avec un produit curatif dans le réservoir, 20 % de réussite, pour un coût de 30 à 70 €.
  • Traitement avec démontage du turbo, 80 % de réussite, pour un coût de 100 à 200 € (plus 1 à 6 h de main d’œuvre avec un professionnel).
  • Traitement par station d’injection par principe chimique ou pyrolyse (effectué uniquement par un professionnel), 70 % de réussite, pour un coût de 70 à 100 € plus la main d’œuvre.

1. Préparez l’opération de nettoyage du turbo

Commencez par vous équiper et préparez la voiture avant de débuter le nettoyage.

Achetez le produit de nettoyage et rassemblez les outils nécessaires

  • Achetez un produit de nettoyage adapté : choisissez un produit à usage curatif pour l’intervention, et prévoyez un traitement préventif si le problème est récurrent.

Bon à savoir : un large choix est proposé sur Internet. Les tarifs varient de 30 à 70 €. Si possible, préférez les produits à usage professionnel, beaucoup plus efficaces.

  • Munissez-vous de l’outillage nécessaire à la dépose de colliers (tournevis, pince à collier clic, etc.).

Suivez les consignes de sécurité

Équipez-vous de l’équipement de protection nécessaire à l’utilisation du produit de nettoyage.

  • Enfilez une combinaison ou une cotte de travail.

Bon à savoir : en plus d’épargner vos vêtements, c’est l’assurance de ne pas être happé par le moteur à cause d’un pan de vêtement, d'un foulard ou autre.

  • L’intervention s’effectuant moteur tournant, attachez-vous les cheveux si besoin et retirez les bijoux ou autres accessoires risquant de se prendre dans les poulies et les courroies en rotation du moteur.
  • Enfilez des gants et mettez des lunettes de protection.

Préparez la voiture

  • Disposez le véhicule dans une zone aérée.
  • Faites tourner le moteur à température de fonctionnement.
  • Protégez la carrosserie.

2. Accédez au circuit d’admission

Localisez le point d'injection du produit

Le circuit d’admission est composé de plusieurs éléments :

  • le boîtier de filtre à air et l’élément filtrant ;
  • un conduit menant au débitmètre (dont les principales fonctions sont de mesurer le débit d’air et de contrôler le fonctionnement de la vanne EGR) ;
  • une durite approvisionnant le compresseur ;
  • une canalisation d’air provenant du turbo et passant par un échangeur de température ;
  • le collecteur d’admission.

Le point d’injection du produit doit se situer idéalement entre le filtre à air et le débitmètre.

Bon à savoir : ouvrir le circuit après le débitmètre entraînerait l’apparition d’un défaut dans l’électronique moteur.

Ouvrez le circuit au niveau du point d'injection

  • Desserrez à l'endroit localisé le collier de fixation de la durite.
  • Déboîter la durite.
  • Engager le tube pulvérisateur côté admission.

Important : l’aspiration moteur, surtout pour le diesel, est importante. Ne mettez pas d’objets métalliques, de chiffons, de papiers, etc. à proximité de la durite d’alimentation.

3. Effectuez le traitement du système

L’opération consiste à injecter le produit nettoyant, moteur tournant, dans le circuit d’admission. Ainsi, le produit circule dans le circuit d’admission, traitant au passage les ailettes du compresseur, dans les chambres de combustion, pour finalement agir sur la géométrie variable (pales) du turbo.

Bon à savoir : il n'y a pas de difficultés particulière, mais respectez scrupuleusement la procédure. Le passage dans la combustion nécessite en effet un dosage fin du produit, sous peine de contraintes anormales pour le moteur (bruits de fonctionnement, combustion trop riche, efforts importants sur les pistons, bielles et coussinets).

  • Accélérez le moteur à 2 000 tours/min.
  • Injectez simultanément le produit par courtes impulsions dans l’admission (1 à 3 secondes).

Bon à savoir : faites-vous aider par un ami qui appuie sur la pédale le temps d'injecter le produit.

  • Veillez à ne pas gaver le moteur de nettoyant : stoppez l’injection avant l’étouffement du moteur, à l’apparition de bruits anormaux de combustion (claquements importants, détonations…).
  • Si le turbocompresseur est accessible, entre chaque injection, arrêtez le moteur et actionnez la commande de régulation manuellement pour débloquer le système de régulation.

Bon à savoir : la commande est une tige articulée reliée au turbo et actionnée par une capsule à dépression appelée « wastegate ».

  • Répétez l’opération jusqu'à épuisement du nettoyant.

4. Remontez la durite

Vérifiez moteur tournant

  • Une fois le traitement effectué, laissez le moteur tourner au ralenti.
  • Vérifiez ensuite le fonctionnement normal du moteur.
  • Arrêtez le moteur.

Remontez la durite

  • Remettez la durite d’alimentation en position et resserrez le collier de fixation.
  • Enlevez les protections et fermez le capot.
  • Faites un essai routier : aucun bruit de fonctionnement anormal, aucun raté, aucune fumée ne doivent se signaler et les défauts initialement présents doivent avoir disparu.

Important : si des problèmes persistent, il devient nécessaire de démonter le turbocompresseur pour un nettoyage approfondi, ou de confier la voiture à un professionnel.

5. Prévoyez un traitement préventif

Si l’opération a bien réussi, il est vraisemblable que le dysfonctionnement, souvent dû à un type de conduite ou à des conditions défavorables (fonctionnement à froid, petits parcours…), risque de se reproduire.

Il est donc conseillé d'effectuer un traitement périodique avec un produit préventif.

  • Placez le produit dans le réservoir empli de 20 litres de carburant au minimum.
  • Roulez en conditions normales.

Bon à savoir : pour plus d’efficacité, administrez le traitement préventif à la veille d’un long trajet (départ en vacances, trajet sur autoroute…).

  • Renouvelez l’opération tous les 5 à 15 000 km.
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