Tomber en panne de carburant avec une voiture diesel est souvent problématique : s'il suffit dans un moteur essence d'ajouter du carburant et d'actionner le démarreur pendant quelques secondes pour faire fonctionner le moteur, ce n'est pas le cas du diesel, de par la nature de son carburant et son système d'alimentation.
Voici que faire en cas de panne de gasoil.
Zoom sur l'alimentation en diesel
La particularité du moteur diesel est son système d'alimentation, de principe variable. Contrairement au moteur à essence, sans difficulté de redémarrage, dont l'alimentation est composée d'une pompe électrique dans le réservoir qui envoie le carburant sous pression aux injecteurs (injection indirecte) ou à une pompe haute pression (injection directe), le système diesel présente au moins deux solutions différentes, qui seront déterminantes dans l'attitude à adopter en cas de panne.
Bon à savoir : depuis le 12 octobre 2018, de nouveaux noms de carburants sont affichés dans les stations-service (directive 2014/94/UE du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2014). L'essence est représentée par un cercle dans lequel est insérée la lettre « E » suivie du chiffre 5 pour le SP98 et le SP95, du chiffre 10 pour le SP95-E10 et 85 pour le super-éthanol. Le diesel est représenté par un carré dans lequel sont insérées la lettre « B » suivie des chiffres 7 ou 10 selon la proportion de biocarburant, ou les lettres « XTL » pour le diesel synthétique. Les carburants gazeux sont représentés par un losange dans lequel sont insérées les mentions « H2 » pour l'hydrogène, « CNG » pour le gaz naturel, « LPG » pour le gaz de pétrole liquéfié ou « LNG » pour le gaz naturel liquéfié.
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Le circuit d'alimentation en dépression
Le gasoil est acheminé du réservoir par une pompe de transfert mécanique faisant partie intégrante de la pompe haute pression (HP), entraînée mécaniquement par le moteur. Il en résulte que le circuit d'alimentation du réservoir jusqu'à la pompe HP est en pression négative ou dépression.
Une entrée d'air dans le circuit (remplacement filtre à gasoil ou panne de gasoil) nécessite alors une purge d'air du système et une procédure de réamorçage. Ce type de circuit est reconnaissable à la présence d'une pompette d'amorçage manuelle (malgré tout, la présence de cette pompe n'est pas systématique).
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Le circuit d'alimentation en pression
Ce choix technologique, fondamentalement différent du premier, opte pour une pompe électrique immergée dans le réservoir, envoyant le gasoil sous pression jusqu'à la pompe haute pression. Théoriquement, cette solution facilite le réamorçage du système d'alimentation ; cependant, suivant les constructeurs, la purge du circuit et le redémarrage après une panne de gasoil peuvent malgré tout être laborieux.
1. Faites preuve de prévoyance
Voici quelques astuces pour être préparé à d'éventuelles pannes de gasoil :
- Faites vous-même, en temps normal, le remplacement du filtre à gasoil et évaluez la procédure de redémarrage. Par exemple, pour certains véhicules, l'accessibilité et l'ouverture facile du filtre à gasoil permettront de le remplir manuellement et de favoriser le redémarrage.
- Dans la même optique, la connaissance de la procédure permettra d'embarquer du petit matériel pour se dépanner.
Exemple : certains systèmes nécessitent un by-pass entre le circuit d'alimentation et celui de retour au réservoir pour la purge du système. La préparation d'une durite munie des raccords rapides adaptés avec une pince vous dépanneront efficacement sur le bord de la route pour la remise en route.
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2. Reconnaissez les symptômes d'une panne de gasoil
Les premiers signes annonciateurs
Ils se traduiront par la position basse de la jauge de carburant et la mise en œuvre du message d'alerte. À partir de ce moment-là, sachant que l'autonomie est de 50 à 80 km, la vigilance est de rigueur :
- Planifiez le ravitaillement : il s'agit d'évaluer la distance restante à effectuer pour rejoindre une station. Suivant l'implantation dans la région où vous circulez, il sera peut être nécessaire de s'arrêter très tôt pour ravitailler, sous peine de ne pas trouver de station service à temps.
- Adoptez une conduite économique :
- Ne faites pas d'accélération brusque.
- Ne roulez pas à pleine charge moteur (pédale d'accélérateur à fond).
- Profitez des descentes pour rouler pied levé et prendre de l'élan pour la montée suivante.
- Évitez la mise en action du régulateur de vitesse, qui risque de vous freiner en descente et d'accélérer pour garder la vitesse en côte.
- Changez si nécessaire d'itinéraire pour privilégier une conduite économique ou accéder plus rapidement à une station.
Important : il est fortement déconseillé pour un véhicule diesel de rouler avec la réserve. Les organes d'injection (pompe HP, injecteurs…), très sensibles, risquent la destruction par l'ingestion d'eau et d'impuretés présentes en fond de réservoir, un grippage d'injecteurs pouvant endommager gravement le moteur.
Vous sentez des à-coups
Lorsqu'il y a des à-coups, la situation est grave. Il vous reste entre 1 et 3 km d'autonomie et si aucune station n'est en vue, vous êtes d'ores et déjà en panne. Avant celle-ci, adoptez les mesures suivantes :
- Réduisez votre allure.
- Faites fonctionner vos feux de détresse.
- Si vous vous trouvez sur une voie rapide, rabattez-vous prudemment à droite.
- Préparez-vous à vous garer sur le premier emplacement de parking ou refuge (qui seront plus sécurisants qu'une bande d'arrêt d'urgence).
3. Agissez si votre véhicule est immobilisé
Votre véhicule immobilisé doit être stationné dans la mesure du possible en retrait de la chaussée et vous devez très vite prendre des initiatives.
Appliquez des mesures de sécurité
- Revêtez le gilet de sécurité (avant de descendre de la voiture).
- Mettez vos occupants en zone de sécurité (en retrait de la route et derrière les glissières de sécurité).
- Mettez en place le triangle de signalisation à minimum 30 m en amont du véhicule (sur voie rapide, la bande d'arrêt d'urgence étant une zone de danger pour un piéton, il n'est pas obligatoire de disposer le triangle).
Bon à savoir : le décret n° 2018-795 du 17 septembre 2018 a instauré l'obligation, pour les conducteurs, de réduire leur vitesse et de s'éloigner à l'approche de véhicules en détresse. Tout manquement à cette obligation est passible d'une amende prévue pour les contraventions de 4e classe (article R. 412-11-1 du Code de la route).
Procurez-vous du carburant
Plusieurs solutions existent suivant les circonstances :
- Sur voie rapide ou autoroute, où il est interdit de circuler à pied et de faire de l'auto stop, prévenez les services de dépannage, soit par une borne d'appel, soit par téléphone. Dans la majorité des cas, un dépanneur prendra votre voiture en charge sur un plateau pour vous sortir de l'autoroute pour la station la plus proche ou pour un atelier de réparation (la remise en route peut être problématique). Pensez à solliciter votre société d'assistance pour absorber les frais.
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Attention : souvent, le contrat d'assistance ne permet pas la prise en charge à moins de 60 km du domicile.
- Sur route ouverte, outre la prise en charge par un professionnel, d'autres solutions s'offrent à vous :
- Sollicitez d'autres usagers de la route pour vous prendre en charge jusqu'à la station-service la plus proche.
- Partez à pied pour la station la plus proche en prenant en compte les points suivants :
- Marchez sur l'accotement du côté gauche, de façon à voir les véhicules qui arrivent.
- Évitez cette solution de nuit.
- Informez-vous sur le territoire et la distance à effectuer avant la prochaine station.
4. Redémarrez votre voiture diesel
Transférez le gasoil dans le réservoir
Cette opération n'est pas si simple, car le transvasement du carburant de la nourrice au réservoir nécessite un entonnoir à raccord coudé, sous peine d'en renverser une grande partie.
Astuce : si la nourrice emplie de carburant n'est pas autorisée dans un véhicule, vous pouvez prévoir une bouteille plastique coupée et une gaine électrique annelée, de diamètre intérieur égal au goulot de la bouteille, pour un entonnoir de fortune prenant peu de place dans le coffre.
Une fois le gasoil rajouté dans le réservoir, les solutions différeront suivant les procédures nécessaires au redémarrage.
Cas 1 : circuit sous pression
- Dans la majorité des cas, la pompe de gavage immergée dans le réservoir permettra l'acheminement du gasoil dans le circuit basse pression ; il suffira d'insister au démarreur de 20 à 60 secondes pour réamorcer le circuit (évitez de solliciter d'une traite le démarreur et effectuez plutôt plusieurs actions courtes sur celui-ci).
- Malheureusement, certains systèmes sont très récalcitrants ou demandent une procédure et un matériel spécifique : pour éviter de perdre du temps inutilement, la décision à prendre en amont sera le recours à un dépanneur.
Cas 2 : circuit en dépression
Ici aussi, deux cas de figure sont possibles.
- Une pompe de réamorçage est présente : actionnez-la jusqu'à son durcissement, puis faites un essai de démarrage. S'il n'est pas concluant, renouvelez l'opération jusqu'à démarrage du moteur.
- La pompe d'amorçage n'existe pas ou est inopérante : certains types de moteur nécessitent une procédure et un appareillage spéciaux. Là encore, la solution la plus raisonnable sera de solliciter un dépanneur.
